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Peggy entend le bruit qui lui fait peur à travers l’épaisseur du rêve dont elle est pourtant enveloppée. C’est le grignotement des rats de palmiers, des rongeurs qui vivent sous l’écorce des arbres, ce qui oblige les services de voirie à peler les troncs pour leur faire la chasse. Quand cela se produit, on voit les nuisibles s’éparpiller en tous sens, à la grande horreur des touristes.

Mais ce n’est pas le seul aspect déprimant de l’archipel. Sur la plage, il y a les mouches de sable qui vous piquent les chevilles, les mollets, les cuisses… Ensuite, il y a la pollution en provenance de Miami qui a fini par tuer le fameux bleu indigo made in Florida, célébrité de l’endroit. Certains jours, l’eau devient laiteuse, saturée de micro-organismes. Ou encore totalement rouge à cause d’une algue proliférante (le gymnodinium brevis) qui se décompose en répandant une odeur pestilentielle.

Et puis, à Key West, tout au bout de la chaîne des îlots reliés par des ponts, il y a les couples de sidéens, venus contempler une dernière fois le paradis terrestre avant de s’enfoncer dans la nuit de l’agonie… Des couples de fantômes pathétiques, le moins malade soutenant celui qui a déjà entamé le dernier voyage.

Peggy sait qu’elle exagère. La plupart des vacanciers ne voient rien. Elle est sensible à la présence des moribonds parce qu’elle vit ici, et que les paysages de carte postale n’ont plus aucun effet sur elle.

— Je fais une overdose de paradis… a-t-elle coutume de déclarer à ses amis.

— Mais, Peg, lui rétorque-t-on, les gens paient une fortune pour venir passer leurs vacances dans les Keys, et ils accourent du monde entier !

C’est vrai, mais elle n’y peut rien. Les gens s’extasient devant le tableau tandis que Peggy Meetchum, elle, voit les craquelures de la toile, la peinture qui s’écaille, les défauts d’exécution. Elle devrait partir, ce serait la meilleure solution, mais pour aller où ? En outre, elle a peur de ne plus être capable de se ré-acclimater à la vie en appartement. Ici, l’océan vient mourir à cinquante mètres de son bungalow. Un logement dans un immeuble c’est comme une caisse dans un entrepôt, non ?

« Je partirai si les termites se mettent à bouffer la charpente… », se répète-t-elle pour s’accorder un délai.

À Miami, on ne plaisante pas avec les termites qui ont déjà fait s’écrouler plus d’une maison. Peggy se lève avec difficulté car elle dort dans un hamac depuis qu’elle a retrouvé des blattes de dattier entre ses draps. C’est un vieux bungalow en stuc, troué de fenêtres à jalousies… et gorgé d’humidité, qu’elle a acheté pour une bouchée de pain. Plus personne n’accepte de vivre aussi près du rivage depuis que les Cubains traversent la mer sur des radeaux de fortune pour se lancer à l’assaut du grand rêve américain. Ils le font avec un enthousiasme et une naïveté puérils, certains s’imaginant qu’aux États-Unis personne n’a besoin de travailler.

— Je ne pourrais pas vivre comme vous, lui a déclaré une vacancière new-yorkaise. Surtout avec ces clandestins qui débarquent en pleine nuit ! Ils pourraient s’introduire dans votre maison… Vous n’avez même pas de porte blindée. Sans signal d’alarme je me sens toute nue.

 

Peggy entre dans le cabinet de toilette, se passe de l’eau sur le visage. Elle est d’une minceur étonnante, sans un pouce de graisse sur le corps. Ses cheveux blonds sont coupés court, de façon garçonnière. Les intellectuels descendus des villes grises ont l’habitude de lui dire qu’elle ressemble à Jean Seberg, une actrice des sixties, dans À bout de souffle, un film français vénéré par les étudiants dans les cinémathèques de campus. Mais Peggy n’a jamais vu À bout de souffle. Quand on lui a expliqué la signification du titre, elle a répliqué qu’aller voir un tel film serait un comble pour une plongeuse professionnelle. Et puis c’est un très vieux film en noir et blanc, or elle n’aime déjà pas le cinéma en couleurs.

Elle n’apprécie pas davantage Humphrey Bogart auquel on voue un véritable culte à Key Largo en raison du film du même nom, et dont la légende assure que pas un plan ne fut tourné sur l’île ! On la regarde de travers quand elle déclare que Key Largo n’est qu’une lagune saumâtre tout juste bonne pour les alligators. Les vacanciers détestent qu’on casse leurs rêves.

Dans les Keys, tout lui paraît désormais frelaté. Même la maison d’Ernest Hemingway, dont pas un des meubles n’est d’origine.

Peut-être a-t-elle passé trop de temps ici ?

 

Devant la glace, elle se peigne avec les doigts, ce qui n’est pas difficile étant donné la modeste longueur de ses cheveux. Elle ne porte qu’un tee-shirt et un slip. La moiteur de la maison rendrait insupportable tout habillement plus élaboré. Elle s’immobilise, mal à l’aise, cherchant dans sa mémoire ce qui a bien pu la réveiller. Un claquement ? Une idée désagréable lui traverse l’esprit : Auraient-ils recommencé ?

Elle ne supporte plus Larker Boyett et sa bande de cinglés qui la harcèlent sournoisement, multipliant les blagues de mauvais goût.

« Allons, songe-t-elle, sois franche, avoue plutôt qu’ils te font peur. »

Avant de sortir, elle saisit une vieille batte de base-ball dont l’extrémité arrondie – la surface de frappe, disent les hommes – présente des marques de profondes morsures, comme si un chien s’était acharné sur elle.

Elle ouvre la porte et sort sur la terrasse, les yeux baissés vers le sol. Une bête a dû se faire prendre, un chat errant, ou un rat de palmier… Un jour ce sera un enfant, mais ils s’en moquent. C’est elle qui est visée, elle ne l’ignore pas. Ils espèrent la faire craquer, et la semaine dernière elle a bien failli se faire prendre. C’est si facile, il suffit d’un moment d’inattention, et hop !

La batte en avant, elle écarte la végétation du petit jardin qui entoure le bungalow. Jardin est un terme bien pompeux pour désigner la broussaille qui a débordé des parterres, jailli d’entre les dalles. Les fougères géantes. La mousse espagnole qui dégringole des arbres. Quelqu’un d’autre (une femme d’intérieur ?) aurait entretenu ces plantations mais Peggy ne s’est jamais sentie attirée par tout ce qui appartient au domaine terrestre. Son élément c’est l’eau. Elle ne se sent bien que lorsqu’elle nage ou lorsqu’elle plonge. Elle se demande parfois comment elle fera lorsqu’elle sera devenue vieille et que les rhumatismes lui interdiront de brasser les flots ou de lutter contre les vagues. Elle a 31 ans, elle trouve que la vie commence à filer de plus en plus vite. Depuis quelque temps elle rêve de trains mal aiguillés, de rendez-vous ratés, d’avions qui décollent sans elle.

Mais après l’assassinat de sa sœur aînée[1], il y a un an, elle a eu le plus grand mal à replonger dans le réel. Il lui a semblé qu’elle resterait à jamais prisonnière du cauchemar, que la vie ne se remettrait pas en marche.

— C’est curieux, a-t-elle expliqué au psychiatre qu’elle a brièvement consulté. Cette histoire m’a terrifiée… et pourtant, quelque part, je me suis sentie excitée. Ça me plaisait. J’ai eu l’impression de vivre plus vite… de vivre enfin. C’est malsain, non ?

L’analyste lui a répondu que beaucoup de vétérans du Viêt-Nam avaient eu la même impression, et qu’on appelait cela le syndrome de l’ancien combattant.

— C’est l’adrénaline, a-t-il conclu, ça peut devenir une drogue, ça amplifie les sensations, ça décuple la perception.

— D’accord, a répondu Peggy, mais ça ne m’aide pas beaucoup de le savoir.

Pendant six mois, elle s’est sentie sur le point de basculer dans quelque chose d’incontrôlable. Aujourd’hui encore elle ne sait pas quoi. Des expériences extrêmes : le sadomasochisme, les sports violents, les combats clandestins à mains nues, la prostitution de haut vol… Il n’y avait plus de bornes, tout devenait possible. Elle était déboussolée, morte, anesthésiée. Elle a commencé à fréquenter les bars louches, à suivre des types bizarres. Aujourd’hui, elle surnomme cela, « sa période glauque », et elle s’efforce de ne plus y penser, mais des images gênantes continuent à la poursuivre dans son sommeil. Elle a honte d’avoir fait certaines choses, de s’être prêtée à des jeux qui l’auraient dégoûtée si elle avait été dans son état normal. « Ce n’était pas moi, se dit-elle quand ces souvenirs l’assaillent. C’était quand j’étais folle… Je ne suis pas responsable. »

Mais elle n’y croit qu’à moitié.

 

*

 

La batte de base-ball tendue vers le sol, elle fait le tour de la maison, frappant systématiquement les buissons, les touffes d’herbe. Elle est sûre qu’ils ont piégé les alentours. Les gumbo-limbos, ces arbres tropicaux qui poussent de manière anarchique, enserrent le bungalow de leurs branches hirsutes.

Peggy finit par découvrir l’origine du claquement qui l’a réveillée. Un piège dissimulé dans les herbes, et qui s’est refermé sur un rat de palmier, le coupant presque en deux. Elle s’agenouille. Ce n’est pas la présence du mécanisme qui est étrange, c’est sa forme. On lui a donné l’allure d’une gueule de requin miniature. La courbe des deux mâchoires articulées ne peut tromper.

Un jour elle s’y laissera prendre, elle posera le pied sur l’une de ces saloperies et se fera trancher les tendons. Elle est certaine que le ressort est assez puissant pour l’entailler jusqu’à l’os.

« Salauds », murmure-t-elle pour elle seule en se redressant.

Elle frappe rageusement les taillis qui l’entourent. S’il y a un autre piège, il se refermera sur le bois de la batte. Elle se demande si elle doit appeler la police. Elle l’a encore fait la semaine dernière mais ils ont pris un air gêné.

— C’est délicat, lui a déclaré un sergent. Vous comprenez, ces types, ce sont des infirmes. Si on les harcèle, ils auront beau jeu d’alerter la presse et de monter l’affaire en épingle. J’enverrai quelqu’un leur faire la leçon. Après ça, s’ils persistent…

Elle a bien senti qu’ils ne la prenaient pas au sérieux. Ils ont dû déjà la ranger dans la catégorie des excentriques, pour ne pas dire des suspectes. Ne vit-elle pas avec un type plus jeune qu’elle ? Un drôle de mec fiché par les services de police… Il est certain que Brandon ne doit pas leur plaire, et que sa présence ne contribue pas à faire d’elle une citoyenne honorable.

Peggy est la première à admettre que Brandon n’est pas un garçon sérieux, mais c’est le seul qui ait réussi à la tirer du mauvais trip où elle s’était engagée après la mort de sa sœur. Sans lui, elle ne sait pas comment elle aurait fini. Elle commençait à être connue dans le club très fermé des drogués de l’extrême. On se chuchotait son nom dans la pénombre des bars : « Peggy Meetchum, une fille un peu barge. Rien ne lui fait peur. On peut lui proposer des trucs, elle ne demande que ça… » Et des trucs, on lui en avait proposés, mais elle en voulait toujours plus. Elle était sur la mauvaise pente, celle qui conduit les filles tout droit aux snuff movies. Mais elle n’y pouvait rien. Dès qu’elle cessait d’avoir peur, elle se sentait morte. Seule la peur lui redonnait le goût de vivre, seule la peur la réveillait.

Oui, sans Brandon, ce petit bon à rien, ce glandeur au sourire d’éternel teen-ager, elle aurait basculé pour de bon.

 

*

 

Ne trouvant plus rien dans les buissons, elle décide de rentrer au bungalow. Doit-elle parler de l’incident à Brandon ? Elle redoute ses réactions irréfléchies. Il est capable de voir rouge et de se précipiter au Club pour casser la figure à ceux qui ont posé le piège. C’est inenvisageable, on ne peut pas frapper des infirmes, même s’ils sont dans leur tort et s’ils se livrent à une campagne de harcèlement des plus douteuses.

De retour dans la maison, elle se verse un whisky. Ses mains tremblent. « Tu devrais être contente, pense-t-elle, après tout, c’est ce que tu voulais, non ? Avoir peur ! »

Elle sait que ses sentiments sont ambivalents. Les gens du Club l’inquiètent par leurs idées fixes, mais en même temps leurs farces dangereuses lui occupent l’esprit, et c’est ce dont elle a besoin en ce moment.

Avant la mort de Lisa, sa sœur, elle se considérait comme une fille saine, simple ; après ce qu’elle a vécu dans l’horrible maison de poupées de la famille McGregor, sa vision des choses a changé du tout au tout, et elle n’a plus jamais été la même. Le psy lui a dit :

— Il faut de la patience. Les rescapés des catastrophes aériennes, des prises d’otages, éprouvent tous des sentiments analogues aux vôtres. Ils ont eu horreur de ça… et en même temps, quelque part tout au fond d’eux-mêmes, ça leur a plu parce que le drame les a projetés hors de la routine quotidienne. Ils ont connu, l’espace de quelques heures ou de quelques minutes, une accélération de la sensation qui leur fait défaut par la suite. Vous êtes comme eux. Par rapport à l’intensité que vous avez connue lors des événements auxquels vous avez été mêlée, la vie normale vous paraît sans saveur. Inconsciemment, vous voulez vous rebrancher sur la haute tension. Votre démarche n’est pas différente de celle des coureurs automobiles qui mettent leur vie en jeu chaque fois qu’ils prennent le volant.

 

Peggy hésite à se verser une seconde rasade. Non, il ne faut pas. Les excès des derniers mois ont déjà altéré sa forme physique, elle en a conscience. Lorsqu’elle est sous l’eau, elle se fatigue plus vite qu’auparavant. Son temps d’apnée s’est écourté et, avec les bouteilles, elle a subi plusieurs petits malaises dont elle n’a soufflé mot à personne. Par moments, elle a peur d’être en train de vieillir. Elle fait beaucoup de gymnastique par crainte de la cellulite. Elle doit demeurer séduisante. Quand elle plonge avec les touristes, les regards des clients s’attardent toujours sur ses cuisses nues, impeccables. Ils fantasment sur son corps, elle a dû l’admettre. Avant, elle plongeait revêtue d’une combinaison en caoutchouc noir qui la protégeait des morsures éventuelles du massif corallien, mais Brandon lui a fait prendre conscience qu’elle devait jouer à fond la carte séduction.

— Mets ton bikini jaune, lui dit-il. C’est tes fesses qu’ils regarderont sous l’eau, pas les épaves.

— Tu veux me faire bouffer par les requins ? ricane-t-elle. Le jaune est justement la couleur qui les attire le plus.

 

Elle fait quelques pas dans la maison. Au bout d’un moment elle se surprend à glisser des coups d’œil sous les meubles, comme si elle allait découvrir d’autres pièges tapis dans la pénombre. D’autres mâchoires de requin miniature, en acier chirurgical. Pourquoi pas ? Le bungalow n’est pas protégé, il ne leur serait guère difficile de s’y introduire pour glisser une autre de leurs machines infernales dans le tiroir d’une commode… voire dans son lit ! Lorsqu’ils sont enclenchés en position ouverte, ces pièges occupent peu de place. Il est possible de les glisser sous une couette ou un drap sans qu’on remarque leur présence.

C’est peut-être également pour cette raison qu’elle a choisi de dormir dans un hamac depuis quelque temps.

Tout à coup, elle se souvient du cylindre découvert cet après-midi au fond de l’épave. Elle réalise qu’elle l’avait gommé de sa mémoire. Elle se demande s’il ne s’agirait pas par hasard d’une nouvelle « blague » de Boyett et de ses sbires.

« Ça ne peut pas continuer ! décide-t-elle, il faut en finir ! »

Elle récupère son jean sur un fauteuil Bahamas, le secoue pour en faire tomber d’éventuelles blattes de palmier, et l’enfile. Sur la commode, elle prend ses clefs de voiture. Elle va au Club leur dire sa façon de penser. Arrivera ce qui arrivera.

Elle jette son sac de voyage à l’arrière de sa voiture et démarre. Elle conduit un gros break Dodge démodé, dont les portières sont recouvertes de placage de bois. Ce qu’on appelait dans les années cinquante une « Canadienne ». Le moteur a été refait à neuf, à la main, par un mécanicien homosexuel de Boca Raton.

C’est à peu près tout ce qu’elle possède avec le bungalow pourri de la plage et la maison de ses parents, dans le comté de Saltree, la maison où sa sœur Lisa a été assassinée, et qui tombe en ruine.

Baignade accompagnée
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